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Agence Littéraire Laëns

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Agence Littéraire Laëns

Archives de catégorie : Rencontres d’auteurs

Parution d’« Attik » de Mathieu Villeneuve et Damien Blass-Bouchard

29 vendredi Jan 2016

Posted by Agence Littéraire Laëns in Actualités, Agenda, Rencontres d'auteurs

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Mots-clés

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Brin d'éternité fev 2016Dans le nouveau numéro de Brins d’éternité, découvrez « Attik », une histoire de bière frette, de relais de motoneige désert et de cabanes à pêche glacées, écrite par Mathieu Villeneuve et Damien Blass-Bouchard.

Présentation d’« Attik » :

Deux Métis du Réservoir Lamothe remontent la piste sanglante d’un caribou. La bête s’est enfoncée loin au nord, jusque dans les anciens territoires de coupe forestière de la défunte Price Brothers Company…

 

Extrait : « Le barman lui tendit un cendrier. Un soir de tempête, tout était permis. Attik offrit une cigarette à Lou et l’alluma, avant de faire pareil pour lui-même. Sur le mur, à côté du panache, dans un cadre aux dorures ternies, il y avait une vieille toile à la peinture craquelée. La scène représentait un coureur des bois, couvert de fourrures épaisses, qui transportait un caribou sur son dos. Les bois de l’animal lui faisaient une couronne dorée, luisante dans le clair-obscur d’un soleil couchant. Derrière, au pied d’un gros bouleau jaune, il y avait un petit feu où on distinguait des ossements. L’artiste avait essayé, à coups de pinceau grossiers, d’imiter les grands maîtres, sans toutefois y parvenir. Un écusson ornait le bas du cadre, avec une signature et une date. Walter Price. 1888. »

 

Rencontrez Mathieu Villeneuve et Damien Blass-Bouchard et discutez avec eux autour d’une bière (frette bien entendu), lors du lancement, le samedi 6 février à partir de 17h, au dernier étage de l’Amère à boire, 2049, rue Saint-Denis à Montréal.

©Agence Littéraire Laëns 2016

Portrait de Julie Stanton

01 samedi Nov 2014

Posted by Agence Littéraire Laëns in Actualités, Rencontres d'auteurs

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Mots-clés

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Salon du livre 2014

(Crédit photo : Jacques Talbot)

Julie Stanton est finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général 2014 dans la catégorie «Poésie» pour Mémorial pour Geneviève et autres tombeaux (Éditions Les Heures bleues). À cette occasion, Pierre Duchesneau a fait une entrevue avec elle et en a tiré un portrait de la poète, paru le 31 octobre dans « L’actualité », et qu’il m’a gentiment permis de reproduire ici. Suivent des extraits de Mémorial pour Geneviève et autres tombeaux lus par Julie Stanton et présentés à l’émission Univers francophone diffusée sur les ondes de CKRL à Québec, et animée par Denys Lelièvre à l’occasion du Printemps des poètes en mars 2014.

Raconte-moi un auteur : Julie Stanton

«Quel est votre rituel d’écriture ? Avec quel auteur prendriez-vous le thé ? Quel est l’ouvrage qui vous a marqué ? L’actualité a demandé aux finalistes des Prix littéraires du Gouverneur général de parler de leur métier… et de ce qui les inspire. Julie Stanton, finaliste dans la catégorie «Poésie», s’est prêtée à l’exercice.

Comment est né le désir d’écrire chez vous ?

Un jour, j’ai entendu le poète Claude Beausoleil dire que le goût d’écrire lui était venu de l’exclusion. Natif du quartier Saint-Henri, à Montréal, il faisait allusion à la différence de classe. Et j’ai alors réalisé que moi aussi, c’est en quelque sorte l’exclusion qui m’a amenée à me retirer en moi-même pour écouter mes voix intérieures et plonger dans les mondes imaginaires.

À la préadolescence, je suis devenue assez boulotte et je n’aimais pas me mêler aux autres, préférant m’isoler des heures entières dans la lecture — particulièrement lors de mes visites chez ma grand-mère, où il y avait une vaste lingerie avec un puits de lumière. J’y passais des heures avec les livres de Berthe Bernage. Déjà, je savais que je voulais écrire. Ma première petite histoire parlait d’une mignonne souris… qui avait osé affronter le monde. Elle a été publiée dans Le Soleil, à l’intérieur du Courrier de l’oncle Nic, tenu par la journaliste Renaude Lapointe (devenue, plus tard, sénatrice). J’avais une dizaine d’années. La route était tracée…

Par la suite, j’ai lu Saint-Exupéry et plusieurs mystiques comme Bernanos, Léon Bloy, Pierre Teilhard de Chardin, Jacques et Raïssa Maritain. Je n’avais pas 15 ans! Je n’y comprenais rien, sinon une sorte d’élévation. Je voulais devenir carmélite… et aussi être mère ! Je me suis mariée. J’ai eu quatre enfants, dont Geneviève, mon aînée. À mon insu, ces lectures ont nourri ma quête de poésie.

Quel est votre rituel d’écriture ?

J’écris la nuit. Couchée autour de 20 h 30, je me lève vers 1 h 30 et j’écris jusqu’à environ 6 h, dans le silence le plus profond. Le jour, je corrige… ou je cherche désespérément un mot ! Que je marche, que je nage ou que je cuisine, je cherche ce mot jusqu’à l’obsession.

Mémorial pour Geneviève et autres tombeauxJ’ai déjà rédigé certains livres sur fond de musique grégorienne. Maintenant, oui, je préfère le silence. Et, lorsque possible, la solitude presque totale. Ainsi, Mémorial pour Geneviève et autres tombeaux a été écrit à l’Isle-aux-Grues, entre juillet et décembre 2012 ; seule, au milieu du fleuve, mais sachant que les gens de la communauté étaient là si une situation particulière nécessitait de faire appel à leur soutien.

Lorsque l’ordinateur est arrivé dans ma vie, j’ai clamé que jamais, mais jamais je ne créerais sur ce bidule, car écrire de la poésie, pour moi, c’était faire l’archéologie de l’âme. Or, les archéologues ne travaillaient pas avec des bulldozers, mais avec des truelles ; donc, le crayon pour moi. Mais j’ai vite réalisé tout ce que l’ordinateur m’apportait, notamment la possibilité de voir mon texte sur deux pages — ce qui permet une vue d’ensemble du poème, d’en suivre la logique et d’entendre sa musicalité.

Je montre mon texte à mon amoureux, j’en parle ; je lui demande parfois son avis. Et quand nous discutons, peu importe le sujet, je l’arrête parfois de parler pour lui voler des mots qui m’accrochent et qui viendront enrichir ma thématique. À ce jour, je n’ai jamais reçu de mise en demeure pour ce rapt !

Face à la date d’échéance, c’est la terreur des coquilles qui s’installe.

Un ouvrage particulièrement marquant pour vous ?

L’homme rapaillé, de Gaston Miron. Je l’avais déjà lu plus jeune, mais c’est au début de la quarantaine qu’il est venu me chercher. C’est là que mon désir de transcender certaines douleurs par la poésie est né. J’ai alors écrit mon premier livre, Je n’ai plus de cendre dans la bouche, publié en 1980 et réimprimé en 1981. J’avais 42 ans. J’ai changé mon prénom, Ginette, pour celui de Julie. Depuis, j’ai publié une douzaine de titres, dont neuf en poésie. 

Qu’est-ce qui vous inspire ?

La révolte et l’indignation, le questionnement du rapport amoureux, la tentation de l’ailleurs et la mort sont les thèmes qui m’habitent je dirais en permanence.

Deux auteurs (québécois et étranger) avec qui vous prendriez le thé ?

Mario Brassard, pour sa façon d’écrire le monde. Pour Le livre clairière et le bouleversant livre jeunesse La saison des pluies où, justement, il aborde la question de la mort avec son touchant personnage.

Si elle vivait encore, Marguerite Duras. Pour son écriture fabuleuse, ses silences et son cri. Pour ses thèmes audacieux, scandaleux. Parce qu’elle a fait à sa tête.

D’après vous, quelle est l’idée la plus fausse qu’on puisse se faire au sujet d’un écrivain ?

Qu’il ne fait rien de significatif dans la vie.

Qu’est-ce que cela vous fait de voir votre travail remarqué par les Prix littéraires du Gouverneur général ?

Compte tenu de mon âge, j’y vois là une certaine reconnaissance de mon travail de création depuis 35 ans. Le fait que ce soit Mémorial pour Geneviève et autres tombeaux qui soit mis en nomination m’émeut particulièrement…

Un thème à aborder dans une prochaine œuvre ?

Je répondrai en vous donnant le titre de travail du manuscrit en chantier : Le Bonheur cet illusionniste : Fable poétique. 

Quel est l’avenir du livre, selon vous ?

Fragile pour le livre papier. Quant à l’avenir du livre numérique, il aurait le vent dans les voiles. Mais je me demande si, à la longue, on ne va pas s’ennuyer du bonheur de tenir un livre entre ses mains, de l’odeur de l’encre, du plaisir sans cesse renouvelé d’enrichir sa bibliothèque de livres témoignant de sa quête de sens.

Votre relation avec vos lecteurs ?

J’aime les rencontrer. Souvent, leurs commentaires me font voir des aspects singuliers de mon livre.

* * *

Les Prix littéraires du Gouverneur général sont administrés et financés par le Conseil des arts du Canada. »

Vous pouvez également consulter l’article de M. Pierre Duchesneau dans L’actualité.

———–

Voici des extraits de Mémorial pour Geneviève et autres tombeaux lus par Julie Stanton. Un hommage de la poète à la mémoire de sa fille décédée de la sclérose en plaques, présenté à l’émission Univers francophone diffusée sur les ondes de CKRL, à Québec, et animée par Denys Lelièvre à l’occasion du Printemps des poètes, en mars 2014.

Trame musicale :

1. Mozart – Duo for violin and viola no. 1, KV 423 (2/3)
2. Je respire – Gérard Berliner
3. Soir d’hiver – Monique Leyrac
4. Je ne veux pas te dire adieu – Frida Boccara
5. Si Dieu existe – Claude Dubois
6. Le cœur est un oiseau – Richard Desjardins
7. Aimer c’est plus que vivre – Gérard Berliner
8. Où s’en vont mourir les rêves – Éva
9. Recueillement – Léo Ferré
10. L’oiseau de paradis – Marie-Jo Thério

GG

©Agence Littéraire Laëns 2014

Rencontre avec Joanna Gruda

28 samedi Juin 2014

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Mots-clés

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Joanna Gruda

Crédit photo : Martine Doyon

Paru en février 2013, le premier livre de Joanna Gruda, L’enfant qui savait parler la langue des chiens, connaît un succès international… jusqu’à la Chine, qui vient d’acquérir les droits de traduction. Rencontre avec une primo-romancière à qui tout sourit.
Qu’est-ce qui vous motive à écrire ?

Le plaisir que ça me procure, simplement. Je n’arrive pas à trouver de meilleure réponse. C’est à la fois physique, émotif et intellectuel. Sensuel, même. Le plaisir d’inventer, de jouer avec les mots, les idées, de se prendre pour Dieu, de créer, quoi ! Parfois, forcément, c’est aussi cathartique.

 

L’enfant qui savait parler la langue des chiens s’appuie sur des faits réels, et en particulier sur une période de l’enfance de votre père : comment cela a-t-il influencé votre travail d’écriture ?

 Tout mon projet est parti de l’idée que j’avais une super histoire à raconter et que je voulais m’en servir pour me concocter un exercice d’écriture, une sorte d’atelier entre moi et moi. C’était aussi l’occasion de me lancer dans un projet de plus grande envergure qu’une nouvelle ou un court récit. Le fait d’avoir une histoire qui existait m’a permis de transcender ma peur du roman.

J’ai d’abord enregistré mon père pendant de longues heures. Mais ce n’est que quelques années plus tard que je me suis mise à l’écriture. En fait, je n’ai pu commencer à écrire qu’après avoir décidé de la forme que prendrait la narration. J’ai choisi d’écrire au « je », le narrateur étant mon père, le petit Julek. Ça m’a beaucoup stimulé, cette idée de me mettre dans la peau de mon père.

Ensuite, j’ai travaillé, retravaillé, en essayant de capter l’essence mais en me laissant libre aussi d’ajouter, d’enlever, d’adapter.

 

Si le processus d’écriture nécessite une discipline, quelle est la vôtre ?

Je trouve immensément difficile de m’asseoir pour écrire. Je ne sais pas pourquoi, étant donné le plaisir que je ressens presque toujours ensuite à le faire. Mais chaque fois, je procrastine en accomplissant toutes sortes de tâches que sinon, je remettrais à plus tard. Dans le fond, on pourrait dire que l’écriture me permet de rayer pas mal de choses sur ma todo liste. Je peux même aller jusqu’à classer des factures, ce qui n’est pas peu dire, dans mon cas. Une fois en panne d’idées ou simplement tannée de ramasser/faire du lavage/jeter des papiers, je m’installe et je commence généralement par relire des bouts de ce que j’ai écrit, pour me remettre dedans, pour retrouver l’atmosphère, le style de mon texte. Ensuite, j’ai habituellement du jus pour environ une heure et demie, pas beaucoup plus ; après, si je continue, ça devient lourd, laborieux. Mais ça vaut parfois la peine d’étirer la sauce, parce qu’il peut aussi y avoir des trucs intéressants qui surgissent de l’écriture forcée.

Quelle part avez-vous consacré au premier jet et ensuite au travail de réécriture pour L’enfant qui savait parler la langue des chiens ?

 

Dans mon cas, mon premier jet est souvent maladroit, sur le plan du style. Il y a beaucoup de répétitions, ça ne coule pas. Il me faut donc plusieurs étapes de réécriture. En fait, (…) quand je m’assois pour travailler, je commence toujours par relire des bouts de ce que j’ai écrit. J’en profite alors pour les améliorer, d’une façon légère, je dirais, au feeling, sans faire un travail en profondeur.

Ensuite, quand j’ai une grosse partie d’écrite, je fais une réécriture plus systématique.J’essaie alors de repenser la structure, de voir ce qui est de trop, ce qui est trop long par rapport au récit général. Cette étape peut être assez longue (et jamais tout à fait satisfaisante), car la structure n’est pas mon fort. Puis, je refais une lecture complète. À un moment donné dans tout ça, j’ai besoin d’un œil extérieur pour me ré-enligner ou pour m’aider à mieux comprendre ce qui me dérange sans que je sache mettre le doigt dessus.

 

Pourriez-vous évoquer la « carrière » internationale de ce livre ? De quelle manière cela vous touche ?

Il y a déjà neuf contrats de traduction signés (Pays-Bas, Pologne, Italie, États-Unis, Grande-Bretagne, Brésil, Espagne, Turquie, Chine) et quelques autres possibles. Je suis très touchée à l’idée que mon livre sera lu dans d’autres pays, que mes mots seront transposés dans d’autres langues. Je suis moi-même traductrice et ça me fait drôle de savoir que vont exister des versions de mon livre que je ne pourrai même pas lire. J’ai lu une première mouture de la traduction anglaise et j’ai trouvé que la traductrice avait très bien su capter mon style d’écriture. J’avais même parfois le sentiment que c’était ma langue, mais en mieux.

Comme il s’agit ici de l’enfance de mon père, ça ajoute une autre couche à mon attendrissement : ça me fait tout drôle de penser que des gens dans différents pays vont connaître son histoire.

 

Si vous deviez citer trois auteurs étrangers qui vous ont particulièrement marquée, quels seraient-ils et pourquoi ?

D’abord, trois, c’est difficile. J’en choisis trois qui m’ont touchée de façon différente, mais je me sens coupable envers plein d’autres !

Bon. Commençons par Boris Vian. L’écume des jours a été mon premier coup de foudre littéraire. J’étais adolescente et je lisais beaucoup (beaucoup plus que maintenant en fait). Un jour, sans doute après avoir terminé tous les Agatha Christie de la maison, je ne savais plus quoi lire et je me suis mise à fouiller dans la bibliothèque de ma grande sœur. J’ai pris le livre le plus magané, intriguée par ces paquets de feuilles décollées. Ça m’a flabergastée ! La liberté, l’invention, le côté ludique de l’écriture. Ce n’est pas la question, mais si je devais nommer un livre qui m’a donné le goût d’écrire, ce serait lui.

 

Marguerite Duras. Tout comme Vian, je l’ai découverte à une époque où j’avais beaucoup de temps pour lire. (Ça me manque !) Je me souviens d’être entrée dans son univers, d’avoir coulé dedans, d’en être restée imprégnée des jours entiers. Je me revois assise seule au St-Sulpice, par une journée d’été très chaude, à siroter un verre de vin rouge en m’imaginant dans la moiteur vietnamienne. À me parler dans ma tête avec des phrases qui se voulaient durassiennes.

 

Gabriel Garcia Marquez. Je trouve difficile de parler de Cent ans de solitude sans aller dans les clichés. Ce livre est un voyage, on embarque, on se laisse emporter dans un autre monde, dans un imaginaire coloré, épique, et il est très douloureux d’en voir venir la fin. Mais pour mieux en parler, il faudrait que je le relise. Tiens, c’est une bonne idée, ça.

 

Et du côté des auteurs québécois ?

Réjean Ducharme. Je ne sais pas pourquoi, mais son univers me semble aller de soi, il coule en moi naturellement, touche quelque chose de vrai en moi, de profond. Quand je le lis, je regrette de ne pas savoir écrire comme ça. J’aime la logique particulière de ses personnages enfants ou adolescents.

Dany Laferrière. Que je l’aime! J’adore sa simplicité, sa façon d’écrire avec l’air de ne pas écrire, sans effort (ce qui nécessite assurément le plus grand des efforts). On le suit, tant dans son monde extérieur qu’intérieur. Quand je le lis, c’est comme si c’était lui qui me racontait son histoire, j’entends sa voix, son accent dans ma tête.

 

L’enfant qui savait parler la langue des chiens raconte l’enfance du père de Joanna Gruda, pendant la seconde guerre mondiale entre la Pologne et la France. Julek a changé d’identité plusieurs fois, de pays, de langue. Il a vécu l’Occupation, fait un feu d’artifice avec les fusées allemandes…

 

l'enfant qui savait parler-GFJoanna Gruda, L’enfant qui savait parler la langue des chiens, Boréal, 2013, 9782764622162, 24.95 $

ou en Boréal compact, 9782764623060, 13.95 $l'enfant qui savait parler-poche

En tête-à-tête avec Sophie-Luce Morin, 3ème partie

05 samedi Avr 2014

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agence littéraire, Michèle Plomer, SILQ, Sophie-Luce Morin

Crédit photo : Patrick Lemay

Crédit photo : Patrick Lemay


À l’occasion de la sortie de Ma Mercedes contre un tracteur tome 2, le 2 avril dernier, j’ai posé quelques questions à Sophie-Luce Morin sur sa démarche d’auteure. Portrait en 3 questions d’une auteure en lectrice.

 

 

Que lisez-vous ?

S-L M : « En général, du côté de la fiction, je craque pour les auteurs qui sont de véritables jardiniers et qui partagent avec leurs lecteurs cette expérience extraordinaire qu’est celle de cultiver un petit coin de paradis. J’admire ces auteurs qui réussissent ce tour de force, comme Michèle Plomer, notamment avec Le jardin sablier, Didier Decoin, Je vois des jardins partout ou Helen Humphreys pour Le Jardin oublié. Le rapport à la terre est primordial pour moi. C’est ce rapport que je cherche à retrouver dans la vie et à recréer dans une œuvre. »

 

Quels sont les auteurs qui vous inspirent ?

S-L M : « J’aime plusieurs auteurs, mais je n’aime pas toutes leurs œuvres. Je pense à (dans le désordre) Réjean Ducharme (…), Paul Auster, Margaret Atwood, Nancy Houston, Michèle Plomer, Romain Gary, Louis-Philipe Hébert, René Lapierre, Iouri Bouïda, Oswaldo França Junior, Colette…

Cependant, ce ne sont pas les auteurs qui m’inspirent le plus pour créer, mais les musiciens, les humains et plus que tout, la nature. »

 

Quelles sont les qualités que vous recherchez dans un bon roman ?

S-L M : « C’est le rapport aux sens qui (…) me séduit dans une œuvre. Je suis conquise quand je peux voir le bleu de la musique qui joue, que je peux entendre le rose du ciel ou sentir la chaleur de l’orangé qui colore les murs d’une pièce.

Un bon roman me fait vivre des émotions, ébranle mes certitudes. Me fait rire. Je veux entendre la musique quand je l’ouvre. Je veux qu’il m’enseigne quelque chose, un mot, une phrase, une idée. Je veux me dire : Ah mais quel petit génie, celui-là, celle-là ! »

 

Sophie-Luce Morin sera en signature au SILQ au kiosque 152

Vendredi 11 avril : de 15h à 17h      ma-mercedes-tome-2-couv-final-5-2-c12

Samedi 12 avril : de 13h à 14h30

Dimanche 13 avril : de 11h30 à 13h

 

 

En tête-à-tête avec Sophie-Luce Morin, 2ème partie

02 mercredi Avr 2014

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Mots-clés

agence littéraire, Andara, conception de l'écriture, conseils d'écriture, Ma Mercedes contre un tracteur, roman d'apprentissage, Sophie-Luce Morin

Crédit photo : Patrick Lemay

Crédit photo : Patrick Lemay

À l’occasion de la sortie de Ma Mercedes contre un tracteur tome 2, aujourd’hui, j’ai posé quelques questions à Sophie-Luce Morin sur sa routine d’écriture, sa méthode de travail, sa conception de l’écriture. Autant de sujets qui peuvent aider les auteurs en herbe. Voici la seconde partie de l’article, résumé de notre rencontre.

Chaque auteur a sa propre routine d’écriture.  Certains se donnent un nombre d’heures fixe de travail, d’autres, un nombre de mots. Chacun a sa méthode pour se mettre à écrire, qu’il s’agisse de commencer par l’écriture d’une scène centrale, l’établissement de fiches de personnages, etc. « J’essaie d’écrire 1 000 mots par jour ou 5 000 par semaine. (…) Pour écrire sans rencontrer trop d’obstacles qui ralentissent ou coupent l’élan, j’écris au préalable mon synopsis, les scènes clés, les personnages (…), les univers soient bien définis (…). [Quand vient le temps d’écrire un roman], j’écris d’un seul élan, tant et aussi longtemps que je n’ai pas terminé le travail, à tout le moins la première ébauche. Dans ces moments-là, je ne pense quasiment rien qu’à mon histoire, qui m’interpelle (…) nuit et jour. Je ne pourrais pas mener ce train d’enfer sur une longue période. C’est exigeant physiquement et psychologiquement. »

Du synopsis au roman, il y a tout un fossé. Plusieurs méthodes de travail peuvent contribuer à structurer le récit, à en esquisser la trame. En voici une : « Une fois mon synopsis écrit, je le décortique. J’ai mon début, ma fin, et, entre les deux, quelques scènes majeures qui constituent des moments clés du récit. Je déplace régulièrement ces scènes en cours d’écriture. (…) L’écriture est comme un casse-tête : les morceaux sont là (…). Il suffit de les emboîter pour que l’image, qui avait somme toute toujours été là, apparaisse. »

Dans un roman d’apprentissage, tous les personnages sont au service d’un message. S’ils paraissent vrais, alors le lecteur recevra ce message et le fera sien. Plusieurs étapes de l’écriture fondent la crédibilité des personnages. « Mes histoires partent habituellement d’un personnage qui s’impose à moi. Je le vois, je l’entends (…) me raconter ces choses qu’il aimerait que je couche sur papier. Une fois que je me suis appropriée le personnage et son histoire, j’élabore ceux qui vont l’accompagner dans sa quête, de même que leur univers. Je leur invente un passé, un présent et un futur. (…) Je n’invente pas grand-chose, en fait : je m’inspire des gens qui m’entourent (…) et je remanie [leurs traits de caractère de telle manière] qu’il est difficile, voire impossible, qu’ils s’y reconnaissent. Il y a évidemment une part de moi dans chaque personnage, même les méchants ! »

Ces personnages, mosaïques de différentes inspirations, doivent trouver chacun une voix. Beaucoup d’auteurs débutants font l’erreur de trop en dire, ou plutôt de trop en faire dire dans les dialogues. Pour qu’une histoire demeure crédible, il faut que les dialogues le soient aussi. Éliminer le superflu, accorder des expressions particulières à chacun, écouter les personnages sont autant de techniques à exploiter. « Chaque dialogue a sa raison d’être (…). [Il est écrit] comme le serait un dialogue de cinéma ou de téléroman. Reproduire ce que des gens se diraient dans la vie courante, dans de telles circonstances, n’est pas si aisé. Je sais qu’une phrase est « parfaite » quand j’entends la musique derrière. Et je vais la chercher tant que je ne l’ai pas trouvée. »

Les différentes conceptions de l’écriture des auteurs révèlent leur rapport à ce métier, et offrent quelques pistes de réflexion. Faut-il écrire en vue de quelque chose de précis ? D’un succès éventuel ? Ou bien vaut-il mieux s’en tenir à sa propre conception ? « Ce qui compte, quand on écrit, c’est le geste d’écrire, c’est le plaisir qu’on y puise à confronter la page blanche, à chercher le bon mot, à récrire jusqu’à ce que la musique commence à se faire entendre. (…) Pour garder le plaisir d’écrire intact, il est préférable de cesser de croire qu’on est auteur seulement quand on est publié : on est un auteur quand on écrit, de la même manière qu’on est un jardinier quand on jardine. Écrire, c’est une manière de regarder le monde (…) que l’on transpose sur papier.»
Quand on considère l’art d’écrire, on pense nécessairement à l’inspiration. Mythe que Sophie-Luce Morin temporise : « Même si l’intuition ouvre la voie à la création, c’est avec logique que l’auteur en élève la structure. » Ainsi détrônée, l’inspiration ne semble plus aussi intimidante. Tout comme la peur de la page blanche. Et si un jour, la source venait à se tarir ? « À l’encontre de bien des auteurs, je suis d’avis que si vous croyez ne pas pouvoir faire autre chose qu’écrire dans la vie, c’est que votre rapport à l’écriture n’est peut-être pas le meilleur ou le plus porteur : les rapports de dépendance, en écriture comme en amour, sont en général destructeurs. »

(À suivre)

 

En tête-à-tête avec Sophie-Luce Morin, 1ère partie

31 lundi Mar 2014

Posted by Agence Littéraire Laëns in Actualités, Rencontres d'auteurs

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Mots-clés

agence littéraire, Andara, approche émotivo-rationnelle, conception de l'écriture, Ma Mercedes contre un tracteur, Marguerite Duras, Paul Celan, procédé d'écriture, Romain Gary, roman d'apprentissage, Sophie-Luce Morin, Sylvia Plath, Virginia Woolf

Sophie-Luce 3crédit Patrick Lemay, photographeSophie-Luce Morin se distingue notamment par la pluralité de ses écrits. Récipiendaire du prix de la meilleure nouvelle XYZ en 2000 avec La scatola nera, remarquée pour Écris-moi en bleu, elle s’est tournée ensuite vers les scénarios pour revenir au roman avec la série des aventures de Petaluda Papillon (sur une invitation de l’éditeur Michel Brûlé), puis dans une série pour adultes, Ma Mercedes contre un tracteur. De quoi parle ce nouveau tome de la trilogie ?

Plus déterminée que jamais à trouver le bonheur, Romane Castel nous fait vivre une série de rebondissements. Au volant d’une Mercedes volée, elle s’enfuit vers le village de son enfance. Son objectif : retrouver son père, dont elle n’a plus de nouvelles depuis plusieurs années. À mesure qu’elle recueille les confidences et tente de dénouer les fils enchevêtrés de son passé, les intrigues familiales se multiplient. Qui ment ? Qui dit vrai ? Une chose semble certaine : la vie de notre héroïne est loin d’être un long fleuve tranquille !

L’auteure trace dans un triangle amour-amitié-travail le portrait d’une femme passionnée, qui cherche sa voie. On rit, on s’émeut et on réfléchit. L’auteure ébranle les certitudes et les croyances — la pensée magique, les mythologies romantiques, etc. — qui représentent autant de freins à la construction du bonheur véritable. La trilogie Ma Mercedes contre un tracteur prouve que les romans d’apprentissage peuvent aborder avec le sourire des questions fondamentales.

ma-mercedes-tome-2-couv-final-5-2-c12À l’occasion de la sortie de Ma Mercedes contre un tracteur tome 2, le 2 avril prochain, j’ai posé quelques questions à Sophie-Luce Morin sur sa démarche d’auteure.

La trilogie Ma Mercedes contre un tracteur aborde avec humour et tendresse des thématiques qui jalonnent le cours de notre existence : amitié, relations de couple, idéaux professionnels, vie familiale ou amour filial. Si l’humour est souvent présent, cette trilogie « s’inscrit dans le genre littéraire romanesque de formation ou d’apprentissage ».

Sophie-Luce Morin explique : « Bien sûr, mon intention est avant tout de divertir le lecteur, de raconter une histoire. Mais je me suis aussi lancé ce défi de partager quelques préceptes de l’approche psychologique émotivo-rationnelle à travers la fiction, et ce, sans passer par le cabinet du psy, déjà trop exploité. C’est Hope Barclay, la meilleure amie de mon héroïne, qui me sert de messagère. »

Quand on lit Ma Mercedes contre un tracteur, on se rend vite compte que, malgré leur amitié de longue date, Hope et Romy ont évolué différemment. Hope est libre, tandis que Romy est enfermée dans des croyances qui lui compliquent l’existence; et bien qu’elle ne cède pas à l’apitoiement et au désespoir, elle les frôle de près. Autre différence remarquable : Hope trouve en elle la source de son bonheur, alors que Romy cherche celui-ci dans quelque chose d’extérieur à elle.
« Pour plusieurs, le spleen, la « saudade », les sentiments dépressifs sont une preuve que l’on est près de ses émotions, que l’on est une personne de cœur. (…) c’est faux. On est peut-être encore plus près de ses émotions quand on sait les nommer ; ce qui nous permet d’identifier les idées qui se cachent derrière elles et qui les causent. Parce que les émotions (…) ne sont pas liées à un événement en particulier, mais à l’idée que l’on s’en fait, au regard que l’on porte sur ce qui arrive dans notre vie. Par exemple, si je crois qu’une « vraie » amie, ça n’a pas le droit de (me) mentir, je vais nécessairement être en colère si elle agit de la sorte. Alors que si j’entretiens cette idée que les humains peuvent mentir, ça ne me fera ni chaud ni froid si mon amie le fait. Bien sûr, on n’arrive pas à changer ses idées du jour au lendemain. Mais en y mettant quelques heures de travail et beaucoup de pratique au quotidien, on y arrive. »

 

C’est donc à un véritable apprentissage que Sophie-Luce Morin convie le lecteur. Un divertissement qui permet d’aller plus loin, somme toute. Mais il ne faut pas s’y tromper, si la trilogie Ma Mercedes contre un tracteur relève du roman d’apprentissage, elle s’inscrit derechef dans une démarche d’écriture propre à son auteure et qui révèle son évolution par rapport à l’écriture en général.

 

De la maîtrise en création littéraire à Ma Mercedes contre un tracteur en passant par Écris-moi en bleu, il est manifeste que Sophie-Luce Morin a fait évoluer son rapport à l’écriture d’une manière toute personnelle. « Dans ces programmes universitaires, j’ai gratté des bobos, j’ai ébranlé mes certitudes avec des questionnements existentiels à n’en plus finir. Cependant, je n’ai pas été en mesure de prendre la distance nécessaire face à l’écriture, la distance qui m’aurait permis de ne pas m’abîmer. On parlait de la Shoah, de l’indicible. Et moi, je me sentais pareil à ces écorchés de la guerre. J’admirais Paul Celan, Virginia Woolf, Sylvia Plath, Romain Gary, Marguerite Duras : tous ces auteurs me confirmaient que les événements malheureux de l’existence nous mènent là, vers l’Écriture. Il m’est apparu que l’Écriture, la vraie, ce n’est pas celle qui délivre, qui conduit à l’espoir, à la résurrection, au salut, mais à la Mort.
J’ai écrit Écris-moi en bleu. J’ai même écrit la suite. Puis un long-métrage. Plus j’écrivais, plus j’étais mal dans ma peau, névrosée. Un jour, j’en ai eu assez.
Quand j’ai réalisé que je pouvais (…) vivre un plus grand bonheur en changeant mon regard sur les événements qui survenaient, ma vie a radicalement changé. Mon écriture aussi. Pour penser différemment, j’ai rayé le plus possible certains mots de mon vocabulaire : tout, rien, jamais, tout le temps, nul, toujours, constamment, catastrophe. C’est ahurissant le nombre de phrases « clichés » qu’on prononce sans réaliser qu’elles nous empoisonnent l’existence à petit feu.
Toutes ces niaiseries qu’on nous répète et qu’on répète à notre tour à nos enfants, ça ne fait pas de sens. Je souhaite pouvoir contribuer, à ma manière, à changer un peu les choses. J’ai plusieurs autres projets de ce côté. »
Dans ce tome 2 de Ma Mercedes contre un tracteur, Romy se trouve face à elle-même. Pourtant, elle ne part pas dans des monologues sans fin. Sophie-Luce Morin a choisi un procédé d’écriture qui lui permet à la fois de faire ressentir la solitude intérieure de ce personnage, tout en faisant vivre son héroïne au sein d’une communauté et de personnages hauts en couleur.

« [Dans ce deuxième opus,] Romy fait le choix de ne plus se recroqueviller sur elle-même. Les scènes de solitude du premier tome ont été particulièrement difficiles à écrire. C’est d’ailleurs une règle dans l’écriture romanesque que (…) de ne pas laisser les personnages seuls trop longtemps, car c’est dans l’action que le roman est censé évoluer. Je l’ai transgressée pour faire ressentir au lecteur la solitude de Romy. Cette solitude que tant de gens vivent. Quand tu rentres le soir et que c’est le vide qui t’ouvre grand les bras, ça peut devenir lourd. Même si la véritable solitude de Romy est intérieure, je trouvais plus efficace de la mettre dans cette position d’orpheline. »

Vous découvrirez demain la suite de cet article. Sophie-Luce Morin vous fera partager ses considérations sur l’écriture, sa routine de travail, quelle place elle accorde à la réécriture etc.

Isabelle Forest : écrire et « vivre à l’intérieur de soi ».

18 mercredi Sep 2013

Posted by Agence Littéraire Laëns in Actualités, Rencontres d'auteurs

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Mots-clés

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Isabelle-ForestAujourd’hui, pour inaugurer les entrevues de ce site, je vous propose une rencontre avec Isabelle Forest, que vous connaissez sûrement. Si ce n’est pas le cas, j’espère que cette entrevue vous donnera le goût de lire ses livres. Isabelle Forest est poète, romancière et directrice artistique du Printemps des Poètes de Québec. Son travail d’écriture a été récompensé par les prix Alphonse-Piché, Félix-Leclerc et Radio-Canada. Son recueil L’amour ses couteaux, paru initialement en 2011, a été finaliste au prix Alain-Grandbois 2012. En 2006, elle était l’invitée de la Ville de Paris dans le cadre de la résidence d’écriture de l’Institut Canadien de Québec. Elle a également été directrice artistique du volet littéraire du festival Relève en Capitale de la mesure Première Ovation de la Ville de Québec, éditions 2010 et 2011. À l’été 2011, elle participait au festival Poetry Nights de Cuerta de Arges en Roumanie et à l’automne 2012, au Festival international de poésie des sept collines de Yaoundé, au Cameroun. Son dernier roman, Les Laboureurs du ciel, est paru chez Alto en octobre 2012 et a été finaliste au prix de création littéraire de la Ville de Québec.

Isabelle Forest consacre également beaucoup de temps à la diffusion des arts littéraires en dehors des livres : spectacles, performances, installations multidisciplinaires, parcours littéraires, etc.  Vous pouvez d’ailleurs aller admirer l’installation poétique « Géométrie des espaces » de Carolyne Bolduc, pour laquelle Isabelle Forest a joué le rôle de mentor, sur les toits du Musée de la Civilisation à Québec jusqu’au 29 septembre : « Géométrie des espaces » est un dialogue entre poèmes, installations et documents d’archives où l’architecture du lieu devient une métaphore de nos espaces intérieurs.

Malgré tous ses mandats, Isabelle a eu la gentillesse de répondre à quelques questions pour vous faire partager son expérience et sa passion pour l’écriture.

 

Pour écrire son dernier roman, Les laboureurs du ciel, elle est partie à Paris en résidence d’écriture.  Elle nous raconte ici son expérience.

« J’ai eu le privilège d’obtenir la résidence de l’Institut Canadien de Québec, en 2006. Ce qui m’a permis un séjour de près de trois mois à Paris. C’était formidable pour moi, parce que j’avais débuté la recherche pour Les laboureurs du ciel en 2002 ; j’avais accumulé beaucoup de matériel à partir du Web et des bibliothèques à Québec, je m’étais fait venir quelques livres aussi, mais certaines questions demeuraient sans réponse. Le fait d’être sur place, à Paris, m’a ouvert des portes et j’ai bénéficié entre autres, de l’inventaire de livres et de manuscrits de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris. J’ai aussi eu accès à de vieilles cartes du 17e siècle, ce qui m’a beaucoup aidée à situer l’univers physique de l’intrigue. Je pouvais visuellement suivre mes personnages à travers les rues et les lieux de l’époque. Ce qu’il y a de bien également avec les résidences d’écriture, outre le fait que nous pouvons nous accorder un temps précieux à la création, ce sont les rencontres qu’on y fait. J’ai connu des écrivains parisiens qui m’ont entretenue sur la réalité littéraire de la France. Pour la première fois, j’avais accès à cette dernière de l’intérieur et non pas de loin. L’image que je m’en faisais (plutôt romantique) a bien changé alors ! »

L’une des difficultés, lorsqu’on écrit un roman, consiste à intégrer de manière fluide, et apparemment naturelle, les fruits de sa recherche. Isabelle Forest a brillamment relevé le défi dans Les laboureurs du ciel, et nous explique sa démarche.

« Je me suis rendue compte qu’il y avait un piège à éviter lorsqu’on effectue beaucoup de recherche pour écrire un roman. C’est-à-dire que pour ne pas donner l’impression d’un copier-coller ou encore, pour ne pas assommer le lecteur avec un texte qui aurait davantage des allures de leçon académique, il me fallait prendre du recul sur le matériau de recherche que j’accumulais.

 

On dit qu’il faut attendre en moyenne 10 ans suite à une expérience de vie pour l’intégrer convenablement à une œuvre, sans quoi, le manque de recul sur cette expérience risque d’aboutir à un texte soit trop thérapeutique, soit trop pauvre sur le plan littéraire. Il y a tout un processus de macération des événements vécus quelque part dans notre inconscient, et c’est ce temps de macération, entre autres, qui fait mûrir le fruit de la création.

 

Je crois qu’il en va un peu ainsi avec le matériau de recherche : il faut le laisser reposer, macérer, « vivre à l’intérieur de soi », mûrir. On peut alors en retirer ce qui sert véritablement le roman, car on a tendance à trop vouloir en mettre souvent, à penser que tout ce qui nous a fasciné dans les découvertes de notre recherche peut s’intégrer utilement à l’œuvre. Ce qui n’est pas le cas… »

Même si vous n’avez pas encore lu les recueils de poésie d’Isabelle Forest, vous pouvez goûter à sa plume de poète en lisant Les Laboureurs du ciel, roman poétique dans son univers, sa narration mais également dans les chansons. Dans son cas, il était impossible de ne pas lui poser la question : écrire de la poésie ou écrire un roman, est-ce si différent?

« C’est sans doute la question qu’on m’a posée le plus souvent !

 En ce qui me concerne, le procédé est totalement différent. Lorsque j’écris de la poésie, je travaille d’abord avec le langage, les mots. Il s’agit de mon matériau de base. Écrire de la poésie, pour moi, c’est d’abord tenter de dire l’indicible, de faire surgir la lumière cachée des choses. C’est aussi un regard particulier sur le monde. J’écris mes textes poétiques comme une musique. Je me penche beaucoup sur le rythme, j’écris autant les silences que les vers. Parfois, lorsque je travaille un recueil de poésie, j’ai l’impression de le « sculpter » carrément, tellement j’épure pour en arriver à quelque chose qui s’approche de l’essentiel, une espèce de parole pure, étincelante. J’essaie, du moins ! Je ne dis pas que j’y arrive, mais il s’agit d’une grande source de motivation.

 

Le roman, c’est autre chose. C’est d’abord une histoire, des personnages, une atmosphère. Lorsque j’écris un roman, j’ai le sentiment d’ignorer ce qu’il y a derrière les portes que j’ouvre. Cela me fascine beaucoup. J’aime être surprise par ce qui se présente à moi, surgi de mon inconscient, d’un mariage entre mon existence et ma mémoire personnelles et l’imaginaire collectif. Écrire un roman, pour moi, c’est partir à l’aventure et choisir parfois de m’arrêter ici et là, de prendre plus de temps avec tel ou tel personnage à un moment donné. Mais je ne cherche pas tant à maîtriser les choses, je tente de demeurer attentive, ouverte. »

Layout 1Dans Les Laboureurs du ciel, le personnage de Marie Malvaux est fort, complexe, mais n’éclipse en rien les autres personnages. J’ai donc demandé à Isabelle Forest de nous raconter la genèse des personnages des Laboureurs du ciel et comment elle les a travaillés dans son procédé d’écriture.

« Marie Malvaux, je l’ai rencontrée dans un rêve que j’ai fait alors que je devais avoir 25 ans. Ce rêve, qui m’avait transportée dans le Paris du 17e siècle et dans un théâtre de marionnettes était si troublant de par sa « véracité » que j’ai voulu connaître l’histoire de cette jeune femme, découvrir son milieu, son époque. J’étais persuadée qu’elle avait été victime d’une quelconque machination, je ne saurais dire pourquoi. Je la percevais si innocente et fragile, si pure, mais quelque chose de malsain tournait autour d’elle. Marie Malvaux, c’est une question de curiosité, de fascination de ma part. Avec elle, je me suis beaucoup interrogée sur la réelle emprise que nous pouvions avoir sur nos existences. Dans quelle mesure les passions de certains n’arrivaient pas à les brûler…

 

Petit Pierre, lui, est né pendant mes recherches sur la foire Saint-Germain et sur le 17e siècle parisien en général. Il représente l’orphelin type de l’époque qui doit gagner sa vie très tôt. Je crois que par lui, je désirais évoquer le fait que de faux départs dans une vie pouvaient prendre des tournures positives si on savait mettre à profit ses qualités et ses aptitudes.

 

Quant à l’Italien, ou Angelo, c’est très particulier. Il était là, dès le début de l’écriture du roman. Je savais qu’il avait un rôle déterminant dans l’existence de Marie, mais je gardais la porte close sur sa vie, sur son passé. C’est mon éditeur qui me l’a fait remarquer. À la moitié du roman, on ne savait toujours rien sur lui. Je crois que je craignais de le découvrir, de devoir glisser dans certaines zones noires de l’âme humaine puisque dans mon esprit, il était mauvais. Or, lorsque j’ai finalement décidé d’ouvrir cette fameuse porte sur sa vie, j’ai été surprise de constater qu’il n’était pas celui que j’imaginais en réalité. J’avais eu des préjugés envers mon personnage ! J’ai beaucoup aimé découvrir son enfance et sa mère, une sorcière.

 

Enfin, Eugène. Lui, c’est l’univers du cimetière des Saints Innocents qui me l’a fait rencontrer. J’avais besoin de lui pour me guider dans ces lieux qu’aujourd’hui on trouverait macabres, mais qui à l’époque était source de fascination et de vie bien grouillante. Le cimetière était un véritable village et les gens y vivaient leur quotidien, du foyer au travail, en compagnie des cadavres et des ossements qui pour la plupart, étaient bien visibles dans les fosses communes ou sous les toits, dans la cour intérieure. C’est par Eugène que j’ai tenté de comprendre cet autre regard que l’on pouvait porter sur la vie et la mort à l’époque. Eugène est aussi l’intellectuel du roman : il dévore les livres, se questionne sur le monde (autant celui des vivants que des morts) et en arrive à choisir le métier d’écrivain public installé au cimetière. Il m’a donc permis, lui aussi, à sa manière, une certaine forme de réflexion. »

L’un des conseils que l’on donne à toute personne voulant écrire est de lire, lire encore et lire beaucoup, et de préférence des genres différents. Quels sont les auteurs et les œuvres qui ont marqué, voire influencé Isabelle Forest ?

« Il y en a beaucoup et pour des raisons différentes !

Je répondrai donc à cette question en rafale :

Gabriel Garcia Marquez, pour la sensualité, la chaleur, la couleur, le vivant en résumé, de son œuvre.

Christian Bobin, pour la lumière qu’il fait jaillir du quotidien.

Martine Desjardins, pour l’imagination et la finesse qu’elle déploie dans ses romans.

Ines Cagnati, pour la rudesse et la violence inouïes, la magnifique évocation de tout ce qu’elle « n’écrit pas ».

Sébastien Japrisot,  pour sa très grande maîtrise de la polyphonie, le caractère si réel qu’il donne à ses personnages.

Jonathan Littell, pour sa capacité à nous entraîner dans les profondeurs de l’âme. (Les Bienveillantes, Folio Gallimard, ISBN : 9782070350896)

Nelly Arcan, pour son impudeur, sa façon si  particulière de mettre ses tripes sur la table et de trifouiller dedans. (Putain, Points Seuil, ISBN : 9782020557177)

Sylvain Trudel, pour la passion qu’il possède de jouer avec la langue.

Hélène Dorion, pour savoir si bien marier philosophie et poésie.

Normand de Bellefeuille, pour sa très grande maîtrise du rythme.

Vous en voulez d’autres ? »

Ça devrait aller. La dernière question, et non la moindre : « Si tu devais donner trois conseils à ceux qui veulent écrire, quels seraient-ils ? »

«

  1. Continuer de vouloir écrire !
  2. Éviter le plus possible la censure dans les premiers jets.
  3. Laisser reposer le texte, prendre du recul et réécrire. »

Pour tous ceux qui voudraient se familiariser davantage avec l’œuvre d’Isabelle Forest, voici sa bibliographie (dans l’ordre chronologique) :

–          Poèmes du lendemain 10, avec Patrick Nicole, Écrits des Forges, 2002, ISBN : 9782890466623

–          Les chambres orphelines, Écrits des Forges, 2003, ISBN : 9782890467606

–          La crevasse, Lanctôt Éditions, 2004, ISBN : 9782894852798

–          L’amour ses couteaux, Écrits des Forges, 2011, ISBN : 9782896451807

–          Les Laboureurs du ciel, Alto, 2012, ISBN : 9782896940790

–          L’amour ses couteaux précédé de Les chambres orphelines, Écrits des Forges, 2013, ISBN : 9782896452453

Crédit photo : Émilie Roi, et pour Les Laboureurs du ciel, crédit photo : Alto

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